En poussant pour investir le sulfureux journaliste et militant dans la 14e circonscription du Rhône, Jean-Luc Mélenchon prend le risque de diviser à gauche. Les accusations de harcèlement, le compagnonnage islamiste et la condamnation pour racisme de Bouhafs font désordre.
C'est une affaire qui émeut jusqu'au sommet de l'État : d'après le Canard enchaîné, Emmanuel Macron décrit en privé l'investiture de Taha Bouhafs par la France insoumise (LFI) dans la quatorzième circonscription du Rhône comme une « histoire de dingue » qui l'a « abasourdi ». Le président n'est pas le seul à s'étonner : jusqu'à l'intérieur de l'Union populaire, le mouvement de Jean-Luc Mélenchon, le cas Bouhafs divise. « C'est le genre de personne qui pourrait me faire quitter LFI », murmure un élu. Un autre euphémise : « Sur le terrain, des camarades, à différents niveaux, ne sont pas satisfaits par la perspective de son investiture. »
Omniprésent à la France insoumise depuis plusieurs mois, il s'est affiché avec les cadres du mouvement à plusieurs meetings, se faisant même photographier avec Jean-Luc Mélenchon avant le premier tour de la présidentielle puis lors du 1er-Mai. En interne, il se murmure que le chef Insoumis, auréolé de ses 21,95 % le 10 avril, aurait insisté pour confier à Bouhafs une circonscription gagnable, où Mélenchon a réuni plus de 40 % des voix. Voilà en partie pourquoi le jeune homme de 25 ans ne se représente pas dans sa ville d'enfance d'Échirolles (Isère), où il était déjà candidat LFI aux législatives en 2017 (11,1 %). Après l'officialisation de son investiture ce samedi 7 mai, Bouhafs a publié un communiqué dans lequel il met en avant son souhait de « mettre au cœur du débat public les préoccupations d'une France qui ne se sent pas représentée », celle des « quartiers populaires » de la banlieue lyonnaise.
